Événements
Journée Thématique 1 (JT1)
  • mai 17, 2022
  • Cité de l'innovation de l'Université Hassan Premier - Settat
Premier séminaire sur les matériaux et l’innovation industrielle.
  • mars 15, 2023
  • Facultés des Sciences Aïn Chock, Casablanca.

Casablanca, 16 mars 2023

Synthèse des principales recommandations de la table ronde sur le thème"Problématique de la valorisation des résultats de la recherche scientifique au Maroc".

La recherche scientifique et l’innovation jouent un rôle fondamental dans l’effort délibéré et systématique du développement économique et social. Par son ampleur, l’innovation est au cœur des transformations actuelles de l’économie et affecte profondément les systèmes productifs. Cependant, la valorisation des produits de la recherche scientifique reste un défi important non seulement pour le Maroc, mais également pour de nombreux pays et institutions.

Afin de contribuer à la promotion de la recherche scientifique et l’innovation dans le milieu industriel, la Moroccan Association of Materials Science (MAMS) et le Centre de Recherche Thématique sur les Matériaux et l’Energie (CRT M&E) de l’Université Hassan II de Casablanca ont organisé conjointement les 15 et 16 mars 2023 à Casablanca, le premier Séminaire sur les Matériaux et l’Innovation Industrielle (SM2I-1).

Dans sa conférence introductive sur le thème “Comment industrialiser les produits de la recherche scientifique ?” Monsieur Ismail Akalay, Directeur Général de SONASID a eu le mérite de soulever des questions pertinentes telles que : Quel état d’esprit faut-il intégrer dans le processus de la R&DI ? Quelle formation pour les ingénieurs – chercheurs ? Comment développer des synergies au sein de la chaîne de valorisation, entre les activités de recherche, d’ingénierie, d’intelligence économique, de marketing et de commerce ? A quel stade de la recherche faut-il commencer à faire une étude économique ? Comment servons nous d’exemples de réussites d’industrialisation des produits de la recherche et réaliser des benchmark utiles ?

Pour mieux appréhender ces questions et approfondir le débat sur cette problématique, les organisateurs du séminaire (SM2I-1) ont programmé une table ronde le 16 mars 2023 sur le thème : Valorisation des résultats de la recherche scientifique au Maroc.

Bien que ce thème porte sur un sujet récurrent ayant fait l’objet de nombreuses réunions, séminaires et colloques, il reste d’actualité car aucune solution satisfaisante et complète ne lui a été apportée à ce jour.  Pour cela, d’imminents experts universitaires et industriels ont pris part à cette table ronde. Le panel était constitué de Monsieur Mohamed Smani (R&D – Maroc) en tant qu’animateur et des intervenants :

Ilham Obiyi (l’OMPIC), Mohamed Soual (OCP), Rachid Boulif (UM6P), Mamoun Zahidi (UCD), Salim Bentaleb (Capgemini – Maroc).

Les six grands axes ci-dessous ont orienté les débats :

  • Les dysfonctionnements du système actuel de la recherche et de la R&DI
  • Le cadre réglementaire de la recherche scientifique
  • L’orientation et la diffusion de la recherche.
  • La propriété intellectuelle et le financement de la recherche scientifique
  • Le capital humain : renforcement et mobilisation
  • Le contexte économique et social

 

  • Les dysfonctionnements de notre système de R&DI

Parmi les principales difficultés rencontrées par les chercheurs pour la mise en place d’un processus efficace de la valorisation des résultats de la recherche scientifique au Maroc, les participants à la table ronde ont particulièrement cité :

  • La difficulté de mise en œuvre des contrats de recherche du fait de l’autonomie inachevée des universités et des différences de comptabilité privée et publique.
  • La non promulgation, des mesures d’application n’a pas permis aux universités de remplir efficacement les missions de valorisation qui leur sont imparties, notamment celles relatives à la prise de participation et à la création de sociétés filiales, prévues dans l’article 7 de la loi 01-00.
  • Le caractère hiérarchisé, cloisonné et individualiste marqué, du système universitaire n’incite que peu à la mobilité des chercheurs vers l’entreprise.
  • Le saupoudrage des moyens et la dispersion de l’effort, affecte négativement l’orientation de la recherche qui, en dehors des rares occasions d’appels à projets, est laissée aux seuls soins des chercheurs.
  • L’inefficacité des structures d’interface existantes et insuffisance de l’expertise en matière de valorisation.
  • L’image de marque actuelle de l’université, perçue en tant que lieu de formation d’enseignants et de recherche théorique ne favorise pas le développement de la R&DI dans l’industrie.
  • Le contexte économique et social (culture d’innovation, état d’esprit, confiance, etc.) inhibe le développement des relations entre l’université et l’entreprise.

 

  • Synthèse des débats

Après avoir passé en revue les principales entraves à la valorisation de la recherche scientifique et l’innovation, le débat qui s’en est ensuivi a permis de dégager les recommandations suivantes :

  II-a) Cadre réglementaire

  • Nécessité de revisiter le cadre réglementaire actuel selon les orientations de la loi cadre 51-17 qui préconise entre autre, la mise en place d’un système national institutionnel et sectoriel intégré, qui optimise la coordination entre les différents acteurs dans les domaines de la recherche scientifique et technique et de l’innovation, et garantir la rationalisation des ressources, le partage des expertises et l’amélioration de la performance et du rendement. A cet effet il nous parait primordial d’œuvrer pour accélérer la création du conseil national de la recherche scientifique chargé du suivi de la stratégie de la recherche scientifique et technique et de l’innovation, ainsi que de la coordination entre les différents intervenants dans ce domaine.
  • Renforcer l’autonomie effective des universités dans un cadre contractuel et par la mise en place d’un véritable système d’information central et intégré et en révisant l’organisation financière et comptable des universités.
  • Etablir des mesures législatives nécessaires pour mettre en place un dispositif spécifique à l’incitation des chercheurs et à la propriété intellectuelle.
  • Redéfinir les missions et les compétences du personnel de la recherche scientifique publique avec adaptation de leur statut particulier avec ces nouvelles missions.

 II-b) Orientation et diffusion de la recherche   

  • Développer la recherche collaborative par la création de centres multidisciplinaires capables de prendre en charge les problèmes industriels complexes. Pour y parvenir, il est important de valoriser le rôle important d’un directeur de ce type de centre de recherche : tâches, profil, prérogatives, nomination, ordonnancement, etc.
  • Instaurer le dialogue entre université et industrie par le biais des forums, conférences, journées métiers, formation continue, etc. A cet effet, il est primordial d’aider les responsables de la recherche à développer les compétences nécessaires pour faire face aux problèmes industriels et de sensibiliser les gestionnaires de l’industrie à comprendre l’importance de la recherche pour le développement à long terme et s’engager dans une voie effective d’intégrer la recherche dans les objectifs de développement à long terme
  • Concentrer l’effort et les moyens autour de thématiques majeur pour notre pays. Nous proposons de réunir ces thématiques au tour des axes suivants :
  • Agriculture, agronomie et sols
  • Santé et bien-être
  • Connaissance, préservation et valorisation des ressources naturelles
  • Ressources en eau, énergie et enjeux climatiques spécifiques
  • Nouvelles technologies, intelligence artificielle et algorithmique
  • Espace par ses enjeux exploratoires et sécuritaires pour notre pays.
  • Economie de la santé, des territoires et leur aménagement, du transport et du climat
  • Dynamiques sociétales majeures et fondamentales.
  • Doter chaque université d’une véritable cellule de transfert de technologie (TTO) dirigée par un ingénieur (ingénierie de base) ou consultant en valorisation de la recherche. Cette cellule doit être constituée de compétences à même de réaliser les tâches suivantes :
  • Jouer le rôle d’interface entre les chercheurs et les commanditaires et de formuler scientifiquement les problématiques soumises aux chercheurs.
  • Faire des études de faisabilité des projets soumis.
  • Négocier en amont des contrats ou des licences afin de protéger les résultats de la concurrence.
  • Promouvoir les innovations à l’échelle nationale et internationale : Chercher dans les laboratoires de recherche les travaux matures (TRL ≥ 4) et les proposer aux PME, grands organismes, etc.
  • Approcher les bailleurs de fonds pour le financement des starts up émanant des travaux de recherche.
  • Inciter les laboratoires à s’équiper en hall pilotes et à développer le prototypage
  • Encourager les chercheurs à développer la recherche contractuelle sur des problématiques identifiées en amont avec les entreprises concernées.
  • Promouvoir l’innovation par le choix de sujets R&DI précis et productifs, émanant d’une recherche bibliographique à partir d’une base de données de brevets (exploitation légale de brevets libres).
  • Motiver les ingénieurs à s’inscrire en thèse par l’octroi de bourses conséquentes financées à partir des moyens propres des laboratoires.

 

  II-c) Financement de la recherche scientifique

  • Renforcer la diversification des sources du financement de la recherche scientifique, notamment par la participation des parties et partenaires concernés, en particulier les collectivités territoriales, les établissements et entreprises publics et le secteur privé.
  • Simplifier les procédures comptables dans le secteur de la recherche scientifique en vue de faciliter la gestion des programmes et projets de recherche scientifique et de garantir les conditions d’efficience nécessaires à leur mise en œuvre et à la réalisation des objectifs escomptés.
  • Encourager par des mesures financières et fiscales, la politique du partenariat et de la contractualisation entre les universités et le privé, pour la réalisation de programmes et de projets de recherche scientifique.
  • Mobiliser des ressources supplémentaires pour renforcer le Fonds National de Soutien à la Recherche Scientifique et au Développement Technologique. Ces sources peuvent provenir aussi bien de dotations budgétaires publiques que de financements privés avec le souci de mutualisation de l’effort et de protection de la propriété intellectuelle des résultats de la recherche. Le fonds pourra être abondé aussi bien par des taxes spécifiques qui discriminent les entreprises selon l’effort mis au service de l’innovation que de produits pouvant provenir des coopérations internationales.
  • Encourager la création de fondations de recherche reconnues d’utilité publique et rattachées aux universités à l’instar de la Fondation “Recherche et Développement en Sciences et Ingénierie”.

 

 II-d) Le capital humain : renforcement et mobilisation

  • Accorder à la langue anglaise la place qu’elle mérite dans la formation des chercheurs et des ingénieurs.
  • Développer et améliorer les capacités et les performances professionnelles des cadres de la recherche scientifique, à travers la mise en place de programmes annuels de formation continue et spécialisée, notamment dans le domaine de la valorisation et de l’ingénierie de base au profit desdits cadres. La formation continue doit être obligatoire et faire partie des éléments d’évaluation de la performance et de la promotion professionnelle.
  • Mettre en place des mesures incitatives pour encourager les ingénieurs à s’inscrire en doctorat (thèses contractuelles)
  • Former une nouvelle génération de chercheurs pour répondre aux exigences de qualité et aux besoins de la recherche appliquée.
  • Recruter des ingénieurs spécialistes dans la valorisation (ingénierie de base : maquette et prototypage).

 

II-e) Le contexte économique et social

L’environnement économique et social dans lequel se développe, les activités de valorisation joue un rôle très important dans le développement de la recherche scientifique finalisée. De même, le capital humain n’est efficace que dans un milieu qui lui permet de le mettre en valeur et l’enrichir. Pour cette raison il nous paraît opportun de :

  • Diligenter une étude de l’impact de l’environnement socio-économique marocain sur les relations entre l’université et l’entreprise.
  • Recenser les demandes de R&DI de la part des principaux acteurs économiques.
  • Promouvoir l’esprit d’entreprise dans la formation en coordination avec le ministère de l’éducation nationale et l’OFPPT.
  • Encourager les organisations de la société civile qui œuvrent dans le domaine de la promotion de la R&DI et valorisation.
  • Œuvrer pour la construction d’une nouvelle image de marque selon laquelle l’université sera perçue comme un lieu où se développe, à côté de la recherche fondamentale, des activités de R&DI et des formations de talents.